Quels impacts écologiques pour le jeu vidéo ?

L’E3 2019 n’a pas été une édition révolutionnaire. Au contraire, elle a plutôt annoncé la fin d’une ère pour le jeu vidéo. Alors que la guerre des consoles se déporte sur une guerre des plateformes, l’industrie du jeu vidéo vit une profonde transformation. On fait le point sur l’avenir du jeu vidéo !

E3 2019, année charnière pour le gaming ?

L’Electronic Entertainment Exposition 2019 s’est achevée le 14 juin dernier à Los Angeles. Cette année, l’événement a été marqué par la présence de nouveaux acteurs du jeu vidéo, comme Google et Netflix, et a été une édition de transition avant l’arrivée de la next gen. Sony a d’ores et déjà annoncé l’arrivée de la PlayStation 5 tandis que Microsoft a profité de l’E3 pour revenir sur le Project Scarlett, sa prochaine Xbox.

Déjà tournées vers l’avenir, les firmes du jeu vidéo ont donc en tête leur prochain Eldorado. En 2019, les nouvelles tendances du jeu vidéo se sont clairement définies. Elles sont au cloud gaming et au streaming, au jeu dématérialisé. Elles sont à la puissance, aux temps de chargements réduits, voire inexistants. Microsoft promet ainsi de mettre un terme à ces fameuses scènes d’ascenseur qui cachaient un chargement de la séquence suivante. Soit !

Une industrie en hausse constante

Pourtant, le jeu vidéo actuel se porte bien. En France, il a battu son record historique l’année dernière, avec + 43% de jeux vidéo conçus par rapport à 2017. 1200 titres ont ainsi été produits en 2018, contre 830 en 2017. Depuis 2006, il est même reconnu comme le dixième art par le ministère de la culture française. Ainsi, il n’a plus à rougir à côté du cinéma, de la télévision ou de la littérature.

Chaque année, l’industrie du jeu vidéo brasse de fait des milliards – et toujours un peu plus que l’année précédente. Rien qu’en France, c’est un marché qui valait 4,9 milliards d’euros en 2018. Mais le succès de cette industrie implique toutefois la fabrication des milliards de consoles, cartouches et disques qui sont vendus chaque année. Une production qui engendre mécaniquement des problèmes environnementaux.

Une pollution vidéo-ludique ?

La pollution technologique est une réalité. L’ordinateur sur lequel vous envisagez de jouer à Cyberpunk 2077 en avril prochain se fabrique à grands renforts de combustibles fossiles (240 kg), de produits chimiques (22 kg) et d’eau (1,5 tonne), sans même parler des métaux rares, utilisés pour fabriquer puces, écrans, etc. Le numérique pollue en fait à chaque étape de la chaîne, depuis la fabrication du disque jusqu’à la production de son lecteur, sans compter son utilisation ultérieure gourmande en CO2.

Outre un bilan carbone qui fait la grimace, le jeu vidéo peut aussi revendiquer une consommation d’électricité supérieure à n’importe quelle autre industrie culturelle. Une étude menée en 2015 s’est ainsi penchée sur la consommation électrique des PC gaming à l’échelle mondiale. Le verdict ? 75 milliards de kilowatts-heures chaque année. C’est l’équivalent de la production de 25 centrales électriques, ou 10 réacteurs nucléaires – et c’est sans même compter les PlayStation, Xbox et autres consoles.

Des jeux tous dématérialisés ?

La next gen du jeu vidéo qui s’annonçait à l’E3 cette année n’est pas seulement du hardware. Elle s’appuie sur une tendance qui n’est pas seulement celle de la performance pure et dure, mais celle du dématérialisé. Pour les grandes firmes, l’avenir de l’industrie passe par le streaming, le cloud gaming, et les abonnements en ligne. Désormais, la guerre des consoles va se livrer sur les plateformes. Avec Stadia, les joueurs n’auront même plus besoin d’une console.

Le jeu vidéo dématérialisé n’en est pas vraiment à ses débuts (cf. Steam) mais ce virus a aussi touché les consoles. Sony comme Microsoft possèdent par exemple leur propre game pass, un abonnement pour acheter des jeux sur la boutique en ligne de sa console. Les services de cloud gaming et de streaming se multiplient : c’est le projet xCloud et le Console Streaming de Microsoft, le service Stadia de Google, le UPlay+ d’Ubisoft. L’accélération du dématérialisé est donc une réalité.

Le dématérialisé, un atout environnemental ?

Alors, hardware ou dématérialisé, quel impact sur l’environnement ? D’un côté, plus besoin de produire des disques et les boîtiers en plastique qui vont avec, voire les machines pour les faire tourner. De l’autre, il faut bien faire fonctionner les plateformes et services de streaming et de cloud. Cela passe par des data centers et des serveurs surpuissants… et particulièrement énergivores.

La révolution du dématérialisé pourrait ainsi doubler la consommation électrique des joueurs. En outre, le téléchargement d’un jeu produit plus de CO2 que la fabrication de sa copie physique. Quant aux futures consoles de Sony et Microsoft, elles promettent une puissance supérieure qui ne sera pas non plus sans conséquence sur notre consommation quotidienne. Le dématérialisé n’est donc pas une si bonne nouvelle pour la planète !

Article publié originellement sur Boutique Box Internet

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